vendredi 9 octobre 2009

?ALOS - Ricamatrici (2009, Bar La Muerte)

Après un premier album déjà bien barré, et des travaux de même teneur, c'est à dire expérimentaux et excellents, avec Allun et Ovo, Stefania Pedretti, aka ?ALOS, nous revient dans un esprit similaire sur ce nouvel album au concept original.
En effet, Stefania s'appuie sur l'évocation, sonore et textuelle, des métiers féminins, et cette fois, elle choisit d'aborder le métier de couturière. Partant de là, elle narre le voyage d'une couturière et ses différents moments forts, ce qui explique la présence d'interludes servant à différencier les lieux et les périodicités, et fait de ce nouvel opus un temps lui aussi marquant, frappé du sceau des expérimentations dont l'Italienne est friande et coutumière. C'est ici le piano qui domine les débats, allié à la voix aux tonalités variées, souvent très expressives, d '?ALOS. Et l'on passe d'instants relativement sereins (Tulle, cependant ombrageux, doté de ces sonorités qui font toute la sève de l'album tout en permettant à l'auditeur de situer les différents temps du récit, puis un Un Giorno complètement apaisé) à des plages autrement plus tourmentées (Ricami, obscurci par une voix...digne d'une sorcière et une trame musicale élégante mais crépusculaire, pessimiste dans ses sonorités). Il en va d'ailleurs ainsi tout au long du disque, changeant dans son tempérament et reflétant joliment l'habileté de Stefania à mettre en son, de façon adroite et hors-normes, des sentiments divers. Même les intermèdes, courts, exprimant cela avec brio.

On remarque d'ailleurs que c'est sur les moments les plus assombris (Punto Lacrima) qu'elle se distingue par une opposition remarquable entre son chant, presqu'enjoué, et une enveloppe sonore laissant augurer du pire, ce que confirme le morceau suivant, ce Puno Ombra au piano d'une noirceur affirmé, le chant appuyant ce ton à la limite de l'effrayant et, en tous les cas, captivant au possible. Par les climats qu'elle met en place, ?ALOS parvient à nous imposer des ressentis leur étant similaires, nous amenant à vivre son album avec une intensité proche de celle qui fut la sienne, sans aucun doute, au moment de l'écriture et de la composition. On prend ainsi peur sur Sartine, ce sentiment s'intensifiant ensuite sur La macchina da cucire, la voix menaçante et étonnamment évocatrice se mariant parfaitement avec les sons ténébreux du morceau. Ce tourment laisse ensuite place à une forme d'espoir sur Sospiri, sans toutefois que le morceau se dégage complètement de ce sentiment de malaise récurrent, puis sur Un’ora sola, cette lueur prend un peu plus d'ampleur, les retranscription sonores des sensations inhérentes à la narration s'avérant non seulement cohérente entre elles à l'écoute, mais aussi diablement atrayantes pour l'auditeur.

Cela ne surprend guère de la part d'?ALOS, dont le mérite, outre son esprit foncièrement expérimental, est de parvenir à raconter et exprimer avec, du début à la fin, un pouvoir d'attraction égal. La démarche s'achevant ici sur un Appunti di viaggio aux allures de voyage ferroviaire, comme un retour au bercail après un voyage fait, pour la couturière comme pour l'auditeur, de ressentis divers et contradictoires, et parfaitement traduit par cet album dont l'écoute révèlera à coup sur, au fil du temps, d'innombrables richesses.
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TRACKLISTING:
  1. Tulle
  2. Un giorno
  3. Ago e filo
  4. Ricami
  5. Punto intaglio
  6. Punto lacrima
  7. Punto ombra
  8. Sartine
  9. Punto croce
  10. La macchina da cucire
  11. Sospiri
  12. Un’ora sola
  13. Appunti di viaggio
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