mardi 18 décembre 2007

SONIC YOUTH "Sonic Youth" (2006, Geffen.Réédition)

Excellente initiative signée GEFFEN que de rééditer cette merveille d'album, le tout premier des new-yorkais, qui datait de 1982, et d'y adjoindre un live de cette toute première période. Cette ressortie permet au public de prendre la mesure et l'ampleur de ce disque que je considère pour ma part, et ce d'autant plus qu'il est maintenant remastérisé, comme un grand classique.
La trame noisy du groupe commence à se dessiner mais ici, le ton est moins ouvertement bruitiste, plus répétitif, et le groupe commence à nous régaler de ses sonorités de guitares hors du commun et de ces ambiances tellement prenantes que leur répétition finit par nous rendre complètement accrocs. Sombre, à la fois mélodique et dissonnant, le climat qui se dégage de cet opus sans équivalent dans le monde du rock aspire l'auditeur et le rend dépendant. Et rétrospectivement, on se rend compte que SONIC YOUTH est aussi bon lorsqu'il reste posé que dans ses débauches jouissives de décibels.
Des sonorités inquiétantes introduisent "The burning spear", qu'une batterie alerte et une basse bien en relief animent et tirent vers l'avant, épaulées idéalement par des guitares "dirty" avant l'heure, puis le chant de Thurston, à mi-chemin de la quiétude et de l'emportement. Et déja, les breaks magiques caractéristiques du groupe se mettent en place et produisent un effet terrible. Superbe entrée en matière, qui de plus, grâce à un son plus actuel, trouve parfaitement sa place parmi les productions récentes. Mieux, elle les surpasse.
"I dreamed I dream", lent et obscur, nous fait découvrir le chant discret, envoûtant jusque dans sa nonchalance, de Kim Gordon, des choeurs assurés par Thurston (ou Lee car il me semble bien reconnaître son organe vocal) en fond, intriguants et mystérieux, élevant encore un peu plus ce second titre vers les sommets. Presque industrielle, ou post-rock avant l'heure, de par son côté linéaire, la musique du groupe possède déja un pouvoir d'attraction énorme.
Cela se confirme sur "She is not alone" et son intro toute en guitares aigrelettes avec une Kim Gordon à la basse étonnamment présente, le chant de Mister Moore faisant le reste. Passé ces trois morceaux, on comprend où un groupe comme les LIARS, au demeurant excellent, est allé puiser ses idées et son inspiration. "I don't want to push it" voit ces guitares et cette basse s'illustrer et donner toute sa force à ce morceau vif aux motifs récurrents, Richard Edson assurant un rythme quasi-tribal qui complète parfaitement le reste.
Enfin "The good and the bad", long de huit minutes, voit le groupe délaisser ce côté répétitif tout en se montrant largement aussi bon, et imposer un long break absolument parfait, qui d'ailleurs constituera très vite l'une de ses caractéristiques et de ses nombreuses forces.
Place ensuite au live, antérieur à l'album puisqu'enregistré en septembre 1981. "Hard work" ouvre les débats et instaure une atmosphère semblable à celle de l'album, d'où émergent des guitares aussi délicieusement crades que celles du Velvet quelques années auparavant. "Where the red fern grows" perpétue ce climat orageux délectable, puis la version live de "The burning spear" propose une relecture légèrement plus rapide du titre studio au moins aussi captivante. Les élans bruitistes y gagnent également en intensité et participent au grand intérêt suscité par ce live. "Cosmopolitan girl" offre lui aussi un édifice instrumental impressionnant et met en valeur le chant toujours aussi séduisant de Kim. En entendant ces guitares, on comprend à quel point SONIC YOUTH a pu influencer les groupes actuels ou plus vieux. "Loud and soft", au titre peu représentatif de son contenu, permet au groupe de démonter sa maîtrise déja parfaite des alternances bruits/sérénité sur une durée plus longue qu'à l'accoutumée, puis "Destroyer" étale le savoir-faire de Thurston et Lee qui se lancent dans des duels sauvages et magnifiques qui démarquent alors radicalement le groupe de tout ce qui peut se faire à ce moment chez les autres et le placent bien devant ceux-ci. Plus inventif, plus personnel, addcitif jusque dans ses pointes soniques les plus poussées, SONIC YOUTH est tout simplement déja supérieur. Un "She is not alone" live en est la meilleure des preuves; les quatres expérimentateurs quittent la piste, partent dans des embardées au bout desquelles ils retombent immanquablement sur leurs pieds, et leur cohésion est déja renversante.
Pour achever cette oeuvre majeure, SONIC YOUTH nous fait profiter de "Where the red fern grows" version studio, qui se veut le pendant moins jusqu'aubout-iste de son live et nous montre de façon claire et définitive que tout morceau de SONIC YOUTH, quelle que soit le manière dont le groupe l'interprête, marque les esprits de façon durable et indélébile.
Achetez cette réédition. Elle constitue l'un des musts de l'année 2006, sans aucune contestation possible.
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TRACKLISTING:
1. Burning Spear
2. I Dreamed A Dream
3. She Is Not Alone
4. I Don't Want To Push It
5. Good And The Bad
6. Hard Work (live 16/09/1981)
7. Where The Red Fern Grows (live 16/09/1981)
8. Burning Spear (live 16/09/1981)
9. Cosmopolitan Girl (live 16/09/1981)
10. Loud And Soft (live 16/09/1981)
11. Destroyer (live 16/09/1981)
12. She Is Not Alone (live 16/09/1981)
13. Where The Red Fern Grows (studio version 1981)

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