mercredi 17 décembre 2008

BLACK TAMBOURINE "Complete recordings" (Slumberland Records, 1999)

Originaire de Washington et composé de membres de Whorl et Velocity Girl, BLACK TAMBOURINE, malgré une carrière éphémère, aura marqué la scène indie-shoegaze avec ce recueil de la totalité de ses enregistrements.
En effet, s'il ne contient que dix titres, cet album n'en décèle pas moins autant de pépites shoegaze bien noisy, réminiscentes de MY BLOODY VALENTINE et bian ancrées dans leur époque, à savoir ces fameuses 90's réputées pour leur scène fournie et créative, riche en bruitisme et en guitares souillées.
Ici, dès "For ex lovers only", voix féminines éthérées et rythme lourdaud, associées donc à ces guitares noisy à souhait, font la différence dès les premiers instants, de même que sur "Black car", second titre plus "flemmard" et tout aussi bon. Puis "Pack you up", mid-tempo sans failles, confirme la valeur de l'opus en question en nous offrant au passage de bien beaux déchainements guitaristiques estampillées 90's. Et si le groupe avoue en tout premier lieu l'influence des frères Reid, ses titres sont plus proches du shoegaze de la troupe à Kevin Shields que du rock noisy des deux écossais hautains et géniaux.
"Can't explain " et "I was wrong" haussent le rythme, notamment le second à la batterie rapide, la voix ne se départissant jamais de son débit posé et mélodique, bien qu'elle s'enhardisse quelque peu sur "Throw Aggi off the bridge", lui aussi plus alerte et laissant la part belle à ces guitares furieuses et dressant un mur sonique allêchant.
Après cela, le tranquille et saccadé "Drown" amène un climat plus hâché donc, "We can't be friends" renouant avec des élans plus "speed" et réinstaurant ces couches de guitares qui évoquent par instants le fabuleux Psychocandy de THE JESUS AND MARY CHAIN.
Enfin, "By tomorrow", calme et zébré de stridences instrumentales fulgurantes, puis "Pam's tam", lancinant et répétitif, obsédant même, achèvent ce disque significatif avec brio.

Significatif, et à posséder pour tout amateur de shoegaze "d'époque".
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TRACKLISTING:
1. For Ex-Lovers Only
2. Black Car
3. Pack You Up
4. Can't Explain
5. I Was Wrong
6. Throw Aggi Off The Bridge
7. Drown
8. We Can't Be Friends
9. By Tomorrow
10. Pam's Tan

http://www.myspace.com/btambourine

lundi 15 décembre 2008

TH' FAITH HEALERS "Imaginary friend" (Too Pure, 1993)

Puisqu'on est dans le rock noisy, restons en territoire de prédilection avec cet album des TH'FAITH HEALERS, de Londres, sorti durant ces années 90 bénies pour le rock à guitares crissantes.
Basant son univers sur des mélodies pop-rock défigurées par des six-cordes, donc, loquaces et crades à souhait, le groupe nous livre là un second album parfait, entre ritournelles pop secouées par des déflagrations soudaines et intenses ("Kevin"), rock destructuré gorgé de ces instruments jouissifs, supportés par une basse rondelette et un chant féminin séduisant ("Sparkling chime"), rock noisy à l'allant contagieux ("Heart fog" et ses trainées noisy assez Pixiennes, soulignées par des plans de guitares nettement plus cotonneuses, superbe!).
A chacun des sept morceaux que recense ce disque, on est immédiatement captivé par les sonorités corrosives et parfois poppy, comme sur "See-saw", massif et toujours enjolivé par ces vocaux féminins qui créent un contraste plaisant avec le côté brut de l'instrumentation.
Côté pop-rock au rythme vif, traversé par des grattes soniques et tranchantes, "The people" produit lui aussi un effet monstre, trouvant aussitôt après en "Curly lips" son parfait pendant "pesant", ce titre alternant avec adresse moments de sérénité apparente et pont bruitiste bien dosé.
Et en guise de dernier titre, "Everything, all at once forever" impose vingt minutes d'un rock complètement instinctif, écrasé par le fracas des guitares, d'où émergent avec peine les voix et qui ressemble fort à un "Diamond sea" en plus furieux encore. Magistral!
Pour conclure, je n'hésiterai pas à dire que ce disque est parfait sur tous les points et constitue un standard de rock noisy au même titre que les albums de SONIC YOUTH ou des PIXIES, pour ne citer qu'eux.
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TRACKLISTING:
1. Sparklingly Chime
2. Heart Fog
3. See-Saw
4. Kevin
5. People
6. Curly Lips
7. Everything, All at Once Forever
http://www.myspace.com/thfaithhealers

Drive With a Dead Girl "First LP" (Autoproduit, 2008)

Friand de rock noisy et sauvage, me voila comblé avec ce premier album d'une formation lilloise à l'image de beaucoup d'autres en France; peu connue, et malgré cela d'un niveau impressionnant.
En effet, et ce dès le titre d'ouverture, "Sexy intro", les nordistes développent une trame noise fracassante (et fracassée, jouissivement fracassée), qu'ils parsèment en certaines occasions d'intonations plus légères comme sur "Honey for the audience", second titre de ce LP. On croit entendre un SONIC YOUTH dans ses moments les plus débridés, ou Sebadoh sur ses plages les plus extrêmes...et on se régale. Voix "wild" entremêlées, guitares tantôt furieuses, tantôt plus "douces" si tant est que l'on puisse employer ce terme, rythmes changeant et toujours judicieux dans leurs brisures, ambiances prenantes à souhait constituent l'essentiel de ce premier jet plus que réussi.
Sur "Rows of liquid eyes", dérapage noisy et climat plus serein (quoique...) cohabitent avec bonheur, le morceau partant ensuite dans une embardée d'abord galopante puis qui se termine en orage noisy délectable.
Cette tension, cette urgence et ces loopings noisy, DRIVE WITH A DEAD GIRL en fait ses principaux atouts, permettant par ce biais à des morceaux plus "poppy" comme "Dead heroes" de susciter un vif intérêt.
On pourrait d'ailleurs faire l'éloge de chaque titre de cet album, le contenu méritant largement que l'on s'arrête à chaque morceau, mais on préferera, pour faire court et précis, vous recommander l'écoute à haut volume de ce trésor bruitiste, d'ailleurs téléchargeable via le myspace de DRIVE WITH A DEAD GIRL.
Entre un "No flowers-Botched body" presque pop, doté de guitares assagies et chatoyantes, un "Tcha tcha tcha" sauvage et saccadé et un "Yeti's roar" à la limite du hardcore, avec ce chant féminin déchiré auquel on ne peut résister et qui oscille entre sauvagerie et élans plus mélodiques, rien ne flanche sur ce disque.
Ou plus loin, un "Monkeys on TV" qui nous offre lui aussi cette superbe ambiguité vocale, un "Fuckin political" constitué de deux parties distinctes et opposées, et un "Bella cenda" alerte, sur lequel la voix se fait exclusivement braillarde pour le bonheur de nos écoutilles émoustillées par la qualité du résultat.
Et pour finir, une "trilogie" allant d'un "Robots robots robots" presque...robotique en son début, et délivrant de très jolies mélodies ensuites, vitriolées bien sur par ces guitares "dirty" comme on les aime, à "Thirteen" et son opposition dissonance/mélodie, pour aboutir à un "You endless" qui monte en puissance pour exploser ensuite et s'achever dans un fracas vocal et instrumental plus que bienvenu.
Bref, inutile d'épiloguer, cet album est une réussite totale et un véritable exhutoire, et donnera à coup sur à ses géniteurs les moyens de 's'imposer, voire même d'aller titiller les autres formations de la même mouvance, tout en trouvant une place de choix dans notre scène.
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TRACKLISTING:
1. Sexy intro 2. Honey for the audience 3. Rows of liquid eyes 4. Dead heroes 5. C 6. No flowers-Botched body 7. Lonely road 8. Tcha tcha tcha 9. Yeti's roar 10. Monkeys on TV 11. Fuckin political 12. Bella cenda 13. Robots robots robots 14. Thirteen 15. You endless

dimanche 14 décembre 2008

Translogic "Seven souls" (Reverb Worship, 2008)

Déja à l'initiative de nombreux projets à caractère exprimental, dont l'obscur GRISUMBRAEVANETHRA chroniqué sur ce blog, l'anversoise Kasja Noova s'illustre à nouveau sur cet album de TRANSLOGIC, certes moins basé sur l'improvisation que le "Ethrasilene" mais d'esprit délibérément libre et aventureux, bien éloigné de toute démarche "classique".
Sur les neuf morceaux de "Seven souls", TRANSLOGIC réitère, sur des formats bien plus courts comme "Still" ou "Traces", les essais de GRISUMBRAEVANETHRA en teintant cependant le premier de ces morceaux d'une couleur jazzy très free, déchirée et expressive.
C'est aussi le cas sur "Scratching", animé par un saxo presque mutique, la noirceur perceptible chez l'autre projet se voyant en l'occurence quelque peu atténuée au profit d'une atmosphère légèrement plus chaleureuse, quoique tout aussi inquiétante et intriguante dans ses sonorités.
Puis "Umbrae" et "Joy" développent un climat similaire, teinté de bruits et de voix aussi envoûtants que générateurs d'un sentiment s'apparentant à de la peur.
S'ensuit un "White pants" presque joyeux au vu de ce qui le précède, court et marquant, porteur d'une belle mélodie vocale, sur fond de "noises" presqu'aquatiques.
Autour de ces morceaux, on trouve une chanson, "The call", presque trip-hop, enfantine sur son intro, qu'un groupe tel que Massive Attack aurait grandement appréciée, plus que réussie et ornée de boucles sonores remarquables, et un "Secrets" à la voix noyée, aussi sombre que symphonique, lui aussi magnifique. On remarque d'ailleurs, sur ce morceau, l'habile alliage de deux chants, qui apportent un plus à ce disque déja captivant.
Et pour finir, "Pure three" renoue avec ces élans jazzy très free, sobres et dépouillés, dépaysants et qui engendrent, cette fois, une certaine paix intèrieure.
Merveilleux disque donc, à l'image de la plupart des oeuvres émanant de cette artiste belge et de ses collègues.
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TRACKLISTING:
1. Still 2. The call 3. Traces 4. Scratching 5. Umbrae 6. Joy 7. White pants 8. Secrets 9. Pure three

http://www.myspace.com/translogic1

GRISUMBRAEVANETHRA "Ethrasilene" (Believe / Krautnoise, 2008)

Originaire d'Anvers, Bruxelles et Toulouse, et constitué des musiciens suivants: Erik.A ( Dogma , Gravity ...) : guitar; Fred.A ( i is me , souththirtytree, Imagine This)) : guitar; KasjA ( Translogic , souththirtytree ,katakuma , imagine this , besos y fuego ,
NaRocka ): voice, lyrics, mouthharmonica, GRISUMBRAEVANETHRA est donc un trio...expérimental, comme semble l'indiquer sa composition et les instruments qu'utilisent ses trois intervenants. A l'écoute, ce côté expérimental occupe et domine, assombrit même, la totalité de l'album, auquel il donne par ce biais une identité plus que marquée. On pense aux early SONIC YOUTH, à ces ambiances obscures et malsaines qui ornent "Bad moon rising" ou "Evol". La différence étant qu'ici, ce côté grinçant, dissonant, à la limite du narratif au niveau du chant, ne laisse place à aucune autre coloration musicale.
En effet, ce climat à la fois exigeant et prenant se suffit à lui-même et ne peut tolérer une quelconque "intrusion", la survenue de quelque clarté ou d'une mélodie dont émanerait un tant soi peu de lumière ou de joie.
Bruitiste, développant de longues plages intriguantes dont on ne peut décrocher, usant à l'occasion de voix que l'on jurerait sorties de l'au-delà, ce disque est de ceux qu'il faut certes aller chercher, de ceux même qui viendront à bout de tout effort d'assimilation de la part de l'auditeur un tant soi peu timoré.
Mais dès lors que l'on se donne la peine d'appréhender cet univers aussi déroutant que passionnant, ténébreux et qui se veut le parfait reflet de nos états d'âme les plus extrêmes, il devient impossible d'en sortir et ces soixante-dix minutes, si elles vous ébranlent quelque peu à l'écoute, vous donnent au final et au fil de l'écoute, et en parfait exhutoire, une sérénité nouvelle, et l'envie de se replonger dans cette abîme sans fond pour y puiser de quoi se ressourcer.
Sur les sept morceaux présentés ici, il est bien évidemment inutile et malvenu d'en distinguer un, ceux-ci s'imbriquant et formant un tout dont aucun ne peut être détaché.
Un disque unique donc, générateur d'une certaine dépendance pour qui saura le "dompter" et y trouver ce qu'il détient, tout en s'imprégnant de ses atmosphères dénuées de toute couleur chaude.
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TRACKLISTING:
1. Joseph K 2. A special prayer 3. Abracadabra 4. The difference 5. July the 6th 6. Ethrasilene 7. The end

http://www.myspace.com/grisumbraevanethra


CLARA CLARA "AA" (Sk Records, 2007)

Après MARVIN, issu de Montpellier, et sa tran-noise de folie, Lyon et Dijon nous "sortent" CLARA CLARA, trio clavier/basse/batterie tout aussi frappadingue et génial, qui aligne ici onze titres nommés en Français et plus de quarante minutes de bonheur auditif. Le tout dans un esprit décalé et se situant à l'écart de toute norme reconnue, ce qui est tout à leur honneur et ne fait qu'ajouter à leur intérêt.
Entre élans math maitrisés, poussées noise, chant sous forme de cris hallucinés ("observe ta colère"), envolées de clavier tantôt spatiales ("bravo princesse") tantôt débridées ("baise main"), basses ominiprésentes et groovy en diable (ce même "baise main", l'intro de "nous les plus que respectons") et batterie percutante, aux rythmes changeants et souvent assénés, l'alchimie entre ces différents éléments fonctionne à merveille et donne lieu à une "mixture" unique et par conséquant, à un album magique .
Du fracas introduisant "nous les plus que respectons" à la partie plus aérienne qui lui succède à "alors que tout sépare", court et vivace, en passant par le saccadé "champion" pour aboutir à "...", presque posé avant que ce chant génial et épris d'une douce folie ne survienne, ce disque ne dévoile que des merveilles instrumentales inspirées et captivantes.
Et si l'on poursuit l'aventre, ce trip sonore pour le moins singulier, on tombe sur "les forces de l'amour" qui nous offre une diversité de rythmes appréciable, et ce sans jamais s'égarer, puis "tremble minable" animé par cet allant instrumental parfaitement tenu.
Et pour finir, "bravo princesse", à la fois fougueux et cosmique, puis "s'il vous plait", emmené par ce clavier en boucle dément, nous offrent eux aussi leur moment de plaisir tout en asseyant la valeur d'un album tout simplement génial.

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TRACKLISTING:
01. Ob­serve ta co­lère 02. Baise main 03. Nous les plus que res­pec­tons 04. Alors que tout sé­pare 05. Les pleins suc­cès 06. Cham­pion 07. ... 08. Les forces de l'amont 09. Tremble mi­nable 10. Bravo prin­cesse 11. S'il vous plaît


http://www.myspace.com/claraclaraband