mardi 18 décembre 2007

SONIC YOUTH "Sonic Youth" (2006, Geffen.Réédition)

Excellente initiative signée GEFFEN que de rééditer cette merveille d'album, le tout premier des new-yorkais, qui datait de 1982, et d'y adjoindre un live de cette toute première période. Cette ressortie permet au public de prendre la mesure et l'ampleur de ce disque que je considère pour ma part, et ce d'autant plus qu'il est maintenant remastérisé, comme un grand classique.
La trame noisy du groupe commence à se dessiner mais ici, le ton est moins ouvertement bruitiste, plus répétitif, et le groupe commence à nous régaler de ses sonorités de guitares hors du commun et de ces ambiances tellement prenantes que leur répétition finit par nous rendre complètement accrocs. Sombre, à la fois mélodique et dissonnant, le climat qui se dégage de cet opus sans équivalent dans le monde du rock aspire l'auditeur et le rend dépendant. Et rétrospectivement, on se rend compte que SONIC YOUTH est aussi bon lorsqu'il reste posé que dans ses débauches jouissives de décibels.
Des sonorités inquiétantes introduisent "The burning spear", qu'une batterie alerte et une basse bien en relief animent et tirent vers l'avant, épaulées idéalement par des guitares "dirty" avant l'heure, puis le chant de Thurston, à mi-chemin de la quiétude et de l'emportement. Et déja, les breaks magiques caractéristiques du groupe se mettent en place et produisent un effet terrible. Superbe entrée en matière, qui de plus, grâce à un son plus actuel, trouve parfaitement sa place parmi les productions récentes. Mieux, elle les surpasse.
"I dreamed I dream", lent et obscur, nous fait découvrir le chant discret, envoûtant jusque dans sa nonchalance, de Kim Gordon, des choeurs assurés par Thurston (ou Lee car il me semble bien reconnaître son organe vocal) en fond, intriguants et mystérieux, élevant encore un peu plus ce second titre vers les sommets. Presque industrielle, ou post-rock avant l'heure, de par son côté linéaire, la musique du groupe possède déja un pouvoir d'attraction énorme.
Cela se confirme sur "She is not alone" et son intro toute en guitares aigrelettes avec une Kim Gordon à la basse étonnamment présente, le chant de Mister Moore faisant le reste. Passé ces trois morceaux, on comprend où un groupe comme les LIARS, au demeurant excellent, est allé puiser ses idées et son inspiration. "I don't want to push it" voit ces guitares et cette basse s'illustrer et donner toute sa force à ce morceau vif aux motifs récurrents, Richard Edson assurant un rythme quasi-tribal qui complète parfaitement le reste.
Enfin "The good and the bad", long de huit minutes, voit le groupe délaisser ce côté répétitif tout en se montrant largement aussi bon, et imposer un long break absolument parfait, qui d'ailleurs constituera très vite l'une de ses caractéristiques et de ses nombreuses forces.
Place ensuite au live, antérieur à l'album puisqu'enregistré en septembre 1981. "Hard work" ouvre les débats et instaure une atmosphère semblable à celle de l'album, d'où émergent des guitares aussi délicieusement crades que celles du Velvet quelques années auparavant. "Where the red fern grows" perpétue ce climat orageux délectable, puis la version live de "The burning spear" propose une relecture légèrement plus rapide du titre studio au moins aussi captivante. Les élans bruitistes y gagnent également en intensité et participent au grand intérêt suscité par ce live. "Cosmopolitan girl" offre lui aussi un édifice instrumental impressionnant et met en valeur le chant toujours aussi séduisant de Kim. En entendant ces guitares, on comprend à quel point SONIC YOUTH a pu influencer les groupes actuels ou plus vieux. "Loud and soft", au titre peu représentatif de son contenu, permet au groupe de démonter sa maîtrise déja parfaite des alternances bruits/sérénité sur une durée plus longue qu'à l'accoutumée, puis "Destroyer" étale le savoir-faire de Thurston et Lee qui se lancent dans des duels sauvages et magnifiques qui démarquent alors radicalement le groupe de tout ce qui peut se faire à ce moment chez les autres et le placent bien devant ceux-ci. Plus inventif, plus personnel, addcitif jusque dans ses pointes soniques les plus poussées, SONIC YOUTH est tout simplement déja supérieur. Un "She is not alone" live en est la meilleure des preuves; les quatres expérimentateurs quittent la piste, partent dans des embardées au bout desquelles ils retombent immanquablement sur leurs pieds, et leur cohésion est déja renversante.
Pour achever cette oeuvre majeure, SONIC YOUTH nous fait profiter de "Where the red fern grows" version studio, qui se veut le pendant moins jusqu'aubout-iste de son live et nous montre de façon claire et définitive que tout morceau de SONIC YOUTH, quelle que soit le manière dont le groupe l'interprête, marque les esprits de façon durable et indélébile.
Achetez cette réédition. Elle constitue l'un des musts de l'année 2006, sans aucune contestation possible.
__________________________________________________________
TRACKLISTING:
1. Burning Spear
2. I Dreamed A Dream
3. She Is Not Alone
4. I Don't Want To Push It
5. Good And The Bad
6. Hard Work (live 16/09/1981)
7. Where The Red Fern Grows (live 16/09/1981)
8. Burning Spear (live 16/09/1981)
9. Cosmopolitan Girl (live 16/09/1981)
10. Loud And Soft (live 16/09/1981)
11. Destroyer (live 16/09/1981)
12. She Is Not Alone (live 16/09/1981)
13. Where The Red Fern Grows (studio version 1981)

lundi 17 décembre 2007

SHARITAH MANUSH "Démo" (2007, autoproduit)

Sacrée découverte que ce duo bordelais composé de Sonia (batterie, percussions) et Manu (chant, guitare 12 cordes et choeurs), qui pratique un western-folk mâtiné de country des plus passionnants. Western-folk étant une appelation utilisée à défaut d'autre chose tant les bordelais élaborent une musique en marge de tout autre courant existant.
On se retrouve d'entrée de jeu en plein far-west sur "When I was a bird" par le biais du chant de Manu, appuyé par les percus omniprésentes de Sonia et des guitares délibérément folk, et le mélange envoûte et fonctionne à merveille. "Three little dears" produit la même sensation, avec en plus de cela des cris et des choeurs qui retiennent l'attention, puis ces sifflements sur lesquels s'achève ce morceau aussi digne d'intérêt que le premier. Manu adopte ensuite un chant en ancien Français, quasiment médiéval, sur "Le soleil noir", un effet psychédélique assez saisissant émanant des choeurs et ajoutant à l'attrait déja exercé par la voix. Le tout sur fond de percussions qui achèvent de donner à cette alchimie toute sa particularité, son côté barré et personnel.
Barré et personnel comme l'excellent "Le lion et l'araignée" qui suit, Manu arrivant par le seul moyen de son chant caractéristique à susciter le plus grand intérêt. Tour à tour délirant et digne d'une B.O. de western, il captive et accompagne parfaitement l'acoustique des guitares et les percussions de Sonia. Des sifflements introduisent enfin "Dead moon rising", relayés par des "Ah-ah-aaah" et des "Ouh-ouh-ooouuuh" du plus bel effet, pour constituer un titre instrumental aussi psyché, prenant et dépaysant que le reste. Ce dépaysement, cet esprit "bourlingueur" étant parfaitement incarnés et illustrés par la pochette du disque qui en en coup d'oeil nous emmene aux quatre coins du globe, comme pour annoncer de façon visuelle et anticipée le contenu de cette démo.
Surprenante au premier abord, la musique de SHARITAH MANUSH s'impose ensuite de par son versant inédit et "voyageur" et fait de ce duo une révélation précieuse, qui échappe à la norme et démontre des qualités qui laissent augurer du meilleur.
__________________________________________________________
TRACKLISTING:
1. When I was a bird 2. Three little dears 3. Le soleil noir 4. Le lion et l'araignée 5. Dead moon rising

ACTION DEAD MOUSE "Pets and Nerds attack Planet Earth!" (2007, Greed Recordings)

Greed Recordings nous a "sorti" MOONMAN, excellent groupe aux vélléités expérimentales porteuses de bien belles choses, ou encore DELPHINE DORA AND THE UNEXPECTED ou CORNFLAKES HEROES. Que des groupes atypiques et singuliers, talentueux et auteurs d'albums captivants.
C'est donc aussi le cas d' ACTION DEAD MOUSE, formation italienne issue de Bologne, qui pratique un post-rock varié et mouvementé, à tel point que l'appelation post-rock ne peut suffire à décrire la musique du groupe.
En effet, celui-ci inclut une viole et des voix sur quelques morceaux, ce qui le différencie déja des autres, et parvient à captiver sur un disque constitué uniquement de morceaux long format.
Si la rêverie inhérente au post-rock est présente, les italiens y injectent une dose de rock, de pop, de même que quelques pointes quasi-bruitistes comme sur "La redenzione del giovane Mai Pei". Et les voix, rares mais marquantes, prennent différentes intonations, tantôt ouvertement rock, tantôt plus enfantines, souvent intriguantes, toujours remarquablement assorties à l'ambiance qui se dégage des compos.
Quand il ose un format plus court, par exemple sur "Lesson I learned by Raymond", ACTION DEAD MOUSE développe un climat presque math, le côté démonstratif en moins, et excelle même si les longs morceaux restent son exercice favori. Les brisures de rythme restent mesurées, judicieuses, jamais excessives, et mettent en valeur des morceaux ingénieux, sacrément bien éxécutés, tel "The day Grandma died" ou le phénoménal "Wegmann" qui ouvre l'album et dure pratiquement dix minutes. La guitare nous régale de sonorités différentes et qui se complètent comme par magie, la batterie se fait discrète ou assénnée et la viole vient joliment relever et assombrir l'ensemble, puis une voix lointaine apparaît furtivement sur fond de guitares acérées et sur un rythme soutenu. Tous ces éléments cohabitent parfaitement et forment des morceaux addictifs, sur lesquels il se passe toujours quelque chose. La musique de ce groupe a ce petit plus, cette somme d'éléments supplémentaires qui font pencher la balance du bon côté et rend sa création passionnante.
Passionnante, comme ce "Edgar" qui sonne comme un véritable standard de musique non-identifiée, ce "Adulationize" aux accélérations rock, savamment "breaké", et comme l'intégralité des morceaux qui s'offent ici à nos écoutilles étourdies de plaisir.
Superbe album, complètement à part et indispensable.
_____________________________________________________________
TRACKLISTING:
1. Wegmann 2. Edgar 3. Adulationize 4. Antistress, mia dolce Bess 5. La redenzione del giovane Mai Pei 6. Lesson I learned by Raymond 7. The day Grandma died 8. Life and death of a small turtle

samedi 15 décembre 2007

SWEAT BABY SWEAT « …And the crows are flying over » (2007, autoproduit)

Bordeaux est une ville résolument rock et il n’est pas rare, quand on est un peu « défricheur », de tomber sur quelques pépites rock’n’roll qu’on se félicité aussitôt chaleureusement d’avoir dénichées.
C’est le cas pour ce combo rageur nommé SWEAT BABY SWEAT qui balance la sauce allègrement et nous gratifie de morceaux costauds, le tout en à peine plus de 32 minutes. Le quartet aquitain va à l’essentiel et fait mouche, comme la plupart des groupes de cette mouvance qui ne s’embarrassent pas de fioritures. Le son est brut, garage à souhait, et sied à l’esprit du groupe tout en le mettant à l’honneur par le biais de ces compos parfaites.
Dès «Intro/The sin», des guitares remontées et une batterie percutantes donnent le ton, appuyées par une voix à l’avenant. Et la recette marche à merveille, déjà sur «I’m getting mad» puis sur «Baby cry on me» emmenés par des riffs furieux, et sur toute la durée de cet album dont aucun titre ne montre de signe d’essoufflement.
De surcroît, SBS sait amener de la diversité, en attestent les morceaux acoustiques comme «…And the crows are flying over » ou le bonus track «I can’t let you go» ou courts et rentre-dedans comme «The knife and the thief». Cette diversité permet d’échapper à la redite dans laquelle tombent certains groupes rock’n’roll qui ne font qu’user inlassablement des mêmes ficelles.
Ici, on peut profiter de morceaux attractifs et variés, même si la base reste bien évidemment rock’n’roll. Et au final, on s’attache à cet album sans failles, excellente carte de visite pour un groupe talentueux. Talentueux, et dont on attend les prochaines productions avec impatience, mais aussi ses prestations live qui sont à n’en pas douter incendiaires.
Vivement la suite et « Dance baby dance » !
_________________________________________________________
TRACKLISTING:
1. Intro/The sin 2. I'm getting mad 3. Baby cry on me 4. I'm sick on a plane 5. ...And the crows are flying over 6. The knife and the thief 7. Pay cash 8. Driving women 9. Dance baby dance 10. Where is the blues 11. Teen rock band better go suicide 12. I can'ty let you go (bonus track)

The BREEDERS "Pod" (4AD, 1990)

En 1990 sort cet album des BREEDERS, censé constituer une "récréation" pour une Kim Deal en sévère désaccord, dira t-on, avec Black Francis. Mais quand on se rend compte que ce disque sort la même année que le "Bossanova" des PIXIES, on ne peut s'empêcher de penser que la bassiste-chanteuse, qui troque ici la basse pour la guitare et s'entoure d'excellents éléments (Tanya Donnelly des THROWING MUSES à la guitare et au chant, Josephine Wiggs de Perfect Disaster à la basse et le seul homme du groupe, Shannon Doughton, de SLINT, à la batterie), accorde beaucoup plus d'importance qu'il n'y parait à ce projet récréatif.
L'écoute confirme brillamment cette impression et si l'influence des PIXIES semble bien présente, il nous faut bien nous rendre compte que les douze titres présentés ici n'ont pas grand-chose à envier à ceux des Lutins. C'est dire leur niveau...mais bon, Kim Deal n'a pas écrit "Gigantic" pour rien, n'est-ce pas?
Ici, on oscille entre titres lents façon PJ HARVEY (un violon orne même certains titres) et bourrasques rock à la manière des Pixies, et l'album trouve son assise entre les deux en même temps qu'il nous gave de chansons imparables. De plus, les BREEDERS se permettent ici une relecture plutôt accomplie du "Happiness is a warm gun" des BEATLES. Et la patte de Steve Albini dote les compos du groupe d'un son parfaitement approprié, à peine travaillé mais pas complètement "dirty".
Résultat, les titres marquants pleuvent et font de ce premier disque un incontournable au même titre que le suivant, "Last splash". "Glorious", l'enlevé "Doe", "Fortunately gone", "Lime house" entre autres, le ménent vers les sommets et tout contribue ici à mettre en valeur cette production en forme de coup de maître. Le son de basse de Josephine Wiggs, les guitares jouissives de Kim et Tanya et la frappe simple et efficace de Shannon, combinés aux voix associées ou distinctes de ces mesdames Deal et Donnelly, réellement charmeuses et élégantes, forment un tout auquel il est bien difficile de résister.
La suite confirmera d'ailleurs le potentiel du groupe, que ce soit sur "Last splash" ou "Title K", et sa capacité à délivrer des opus variés et sans aucune faute de goût.
Indispensable, d'autant plus que le groupe s'est récement reformé et qu'un album est annoncé pour 2008...
___________________________________________________________
TRACKLISTING:
1. Glorious 2. Doe 3. Happiness Is A Waem Gun 4. Oh! 5. Hellbound 6. When I Was A Painter 7. Fortunately Gone 8. Iris 9. Opened 10. Only In 3's 11. Lime House 12. Metal Man

dimanche 9 décembre 2007

37500 YENS "Astero" (Distile records, 2007)

Après une démo et un split avec "L'ombre de la souris dans la deuxième lune", le duo rémois composé de Jud (guitare) et Frank (batterie) sort son premier véritable album, et nous réjouit sur toute la l'intégralité de cet opus captivant et jamais trop démonstratif. Son rock expérimental mâtiné de hardcore ou post-hardcore, légèrement math, force l'admiration et fait preuve d'une réelle inspiration. Quelques pointes quasiment post-rock font ça et là leur apparition et donnent du corps à un ensemble aussi mélodique que puissant, aussi fin que percutant, et bien équilibré entre ces différentes tendances.
"37501" ouvre les festivités et accroche aisément l'oreille, en débutant doucement pour ensuite monter en puissance et partir dans une envolée noise bienvenue, qui donne une idée intéressante de ce que pourrait être le hardcore s'il se voyait débarassé de ce surplus de "braillardise" dont font preuve certains groupes pourtant bons au départ.
C'est ce que montre l'intro de "Astero", le titre suivant, les deux collègues permettant ensuite au morceau de respirer par le biais de breaks et de plages plus apaisées, le duo ayant l'art de faire se succèder ces ambiances contrastées en en faisant des éléments dont la combinaison débouche sur des morceaux parfaits et sans failles. Sans failles, comme "Microphonie", troisième titre doté de voix qui se prêtent parfaitement à l'ambiance faussement tranquille développée ici, ce titre s'emballant d'ailleurs sur sa dernière minute de façon toujours aussi convaincante que les autres chansons. Cette puissance anime le début de "Chapitres", les guitares se montrant comme à l'accoutumée volubiles et inspirées, soutenues par une batterie elle aussi efficace. Et là, c'est la douceur qui succède à la puissance, de façon au moins aussi probante que quand l'inverse se produit.
Surprise ensuite sur "Canard boiteux" où intervient un sax qui rappelle les excellents PROHIBITION et qui donne à cette compo des allures free appréciables, complétées par le climat jazz-rock galopant et bondissant de "Intérieur 1", aussi débridé, aussi hors-normes, aussi libre d'interprêtation que ce qui précède.
L'intro de "Intérieur 2" donne libre cours au côté agressif de 37500 YENS, toutefois tempéré par de courts moments plus posés, avant que la guitare et la batterie ne repartent sur la fin du morceau dans des élans plus mitigés, à mi-chemin des deux options. Le tout sans que les morceaux décrits ici ne baissent une seule seconde en qualité.
Et comme l'excellent "The Sullivan's quartet" conclut de manière probante, toujours dans cette délicieuse alternance jamais forcée et toujours juste qui fait la force du duo, et en instaurant des voix criées en adéquation avec la structure du titre, l'auditeur amoureux de ces univers tourmentés et magnifiques trouvera largement dans ce "Astero" de quoi satisfaire son attente.

A découvrir urgemment. Un album solide et un groupe exemplaire qui nous apporte le brillante preuve que nul n'est besoin d'en rajouter et de sombrer dans le tape à l'oeil ou le démonstratif pour captiver son auditoire.
___________________________________________________________
TRACKLISTING:
01 37 501 02 Astero 03 Microphonie 04 Chapitres 05 Canard Boiteux 06 Intérieur 1 07 Intérieur 2 08 The Sullivan's Quartet

http://www.myspace.com/37500yens

http://www.distilerecords.com/



samedi 8 décembre 2007

FRENCH COWBOY "Baby Face Nelson was a French Cowboy" (Havalina Records, 2007)

Une fois les LITTLE RABBITS dissous, Federico Pellegrini s'est fendu d'un excellent disque avec Helena Noguerra sous le nom de Baby Face Nelson et Dillinger Girl, tandis que les autres membres boostaient allégrement Katerine en assurant, avec brio, son accompagnement.
Ce disque constitue le résultat de la réunion de l'un et des autres et se démarque quelque peu du registre propre aux LITTLE RABBITS. Et ma foi, le fruit des retrouvailles s'avère brillant et même bien plus que cela. On sent que ces musiciens ne sont jamais aussi bons que lorqu'ils bossent ensemble et de leur cohésion nait une grande oeuvre sous la forme de ce disque varié et classieux, aussi distingué que déjanté, aussi propre que furieusement rock'n'roll en certains endroits.
Ca débute façon western avec le superbe "Stranger". Chant racé, accompagnement sobre et dépouillé débouchent sur un titre imparable et constituent la meileure entrée en matière qui soit. Puis sur "Shake", FRENCH COWBOY poursuit sur la même voie mais en s'électrifiant ensuite pour donner à ce morceau une teinte plus nettement rock'n'roll et confirmer l'impression laissée par la première plage. On se remet à peine qu'un autre titre à la sensibilité exacerbée, "Happy as can be", enfonce le clou en imposant un folk délicat et envoûtant, Pellegrini y étant pour beaucoup avec sa voix si singulière, éprise d'émotion tandis que derrière, ses acolytes élaborent le meilleur accompagnement qui soit. Cette douceur, ce climat folk racé, on le retrouve sur "The letter U", puis c'est Gainsbourg qui est mis à l'honneur sur une adptation toute personnelle de la Ballade de Melody Nelson, sur laquelle le chant de Barbara Pissere fait joliment écho à celui du sieur Pellegrini.
L'ambiance western-folk se perpétue sur "Leather boots", tout aussi accrocheur et distingué que ses prédécesseurs, sur un rythme toutefois légèrement plus enlevé, un baryton venant ajouter encore à la superbe du morceau, puis sur l'apaisé "Second skin" qui permet au cowboy français de garder une bien fière allure.
Transition sur "Supermarket" qui délivre un garage rock direct et jouissif et tranche nettement avec le répertoire proposé jusqu'alors. Où l'on voit que le groupe convainc sur tous les plans, ce que prouve "Dis-moi", excellent titre pop-rock enjolivé par des trompettes et en sa dernière minute par des guitares nerveuses.
Le tempo retombe ensuite sur "Share", nouveau titre folk crépusculaire sur lequel les anciens RABBITS assurent des choeurs de toute beauté, puis reprend un peu de vitesse sur "Changes" sur lequel les voix entremêlées font merveille et qui entérine définitivement le statut de "grands" que ces messieurs mériteraient de posséder depuis le début de leur carrière commune.
"Puke" instaure la même délicatesse que "Happy as can be", puis "Dream" nous assène le coup de grace en nous faisant décoller par le biais de ses trompettes que des guitares discrètes et sales à la fois épaulent merveilleusement.
Arrive alors un morceau caché, "Hymne à la baise", lui aussi joliment orné et au texte...réaliste, je dirai, et particulièrement bien pensé. De surcroît, la voix de Barbara Pissere se montre parfaitement complémentaire de celle de Federico et permet à cet album qui fera date de s'achever en fanfare, de la même façon qu'il avait débuté.

Superbe disque et grand retour pour des musiciens qui en tournant une page en ont ouvert une au moins aussi intéressante. Bravo à eux.
__________________________________________________
TRACKLISTING:
1. Stranger 2. Shake 3. Happy as can be 4. The letter U 5. La ballade de baby face Nelson 6. Leather boots 7. Second skin 8. Super market 9. Dis-moi 10. Share 11. Changes 12. Puke 13. Dream 14. Hymne à la baise



PLANETS "Planets" (Distile Records, 2008)

Quelle ne fut pas ma surprise en recevant ce superbe objet; un packaging cousu main, en tissu et renfermant une feuille d'arbre (réelle) sous laquelle se trouve le nom du duo: PLANETS. J'avoue ne rien avoir su du groupe, ou presque, avant que Distile Records, excellent label parisien, me fasse parvenir cet album.
Attiré par la beauté de l'objet, ainsi que le nom du groupe, je décidais donc donc d'enfourner le cd dans ma platine, ayant bien sur des à prioris favorables vu la qualité des groupes abrités par Distile. Et là, la claque, la grosse gifle, à l'écoute de ce math-rock mélodique et remuant, à la richesse et à la variété renversantes. Les californiens Paul Slack (basse) et Thomas Crawford (batterie) nous régalent de douze morceaux parfaits, le tout en 26 mns environ, après "In" une intro lancinante et noisy sur laquelle appraissent des voix samplées.
Passé cette jolie ouverture, "O people" -tiens, des voix font aussi ici leur apparition et ce n'est pas pour nous déplaire- mixe habilement impulsivité et mélodie, instinct et technicité. C'est vif et remuant, ça accélère pour ensuite redevenir plus nuancé. Et surtout, les titres mêlent des éléments musicaux disparates et parfaitement complémentaires au niveau du rendu. Les bribes de pop, les pointes jazzy, post-rock, noise ou post-hardcore s'imbriquent naturellement, grace au savoir-faire de PLANETS et à son sens de la composition. "Steps" engendre les mêmes sensations. Les breaks sont parfaitement en place et le pouvoir d'attraction de cette musique hybride est énorme dès lors qu'on a pu en apprivoiser le côté indomptable, ce qui peut demander du temps et un certain investisement dans l'écoute, mais s'avère être d'un apport loin d'être négligeable.
De surcroît, le duo fait preuve d'une certaine capacité à varier les ambiances d'un morceau à l'autre, exemple ce "Return of a dead man" moins galopant que les morceaux précédents et tout aussi prenant ou "Dude life" et sa coloration dépaysante sur fond de riffs de basse massifs, puis "And" et son climat faussement serein, ou "Short prelude" et ses sonorités presque enfantines sur voix chuchotées. Et enfin un "Out" assez électro en guise de dernier titre.
Partout ailleurs, un math-rock bien pensé, superbement bien éxécuté, comme sur le génial "To think" ou "Free ranger" et ses voix discrètes mais qui ont le mérite d'apporter un plus à un ensemble déja probant.

Inclassable (c'est ce qui en fait d'ailleurs l'intérêt) et digne du plus grand intérêt, la musique de ce duo hors-normes attirera irrémédiablement tout amateur de nouveauté.
Faites l'effort, vous serez loin de le regretter.
______________________________________________
TRACKLISTING:
1. In
2. O people
3. Steps
4. Return of a dead man
5. Vow of silence
6. Dude life
7. Exorcize!
8. And
9. To think
10. Short prelude
11. Free ranger
12. Out

jeudi 6 décembre 2007

The STONE ROSES "The Stone Roses" (Silverstone Records, 1989)

1989: la new-wave décline et le rock noisy fait son apparition par le biais de disques comme Surferrosa des PIXIES ou encore Isn't anything des PIXIES. En Angleterre, la disparition des SMITHS laisse le trône de la pop-rock vacant et le pays moribond, à, la recherche d'un groupe de même envergure. C'est alors qu'apparaissent les STONE ROSES de Ian Brown et cet album que je continue à considérer comme l'un des meilleurs albums pop de tous les temps. Les tubes pleuvent et le premier titre, ce "I wanna be adored" parfait sur toute la ligne, donne le ton du disque. Dans son sillage, les standards pop se ramassent à la pelle: "She bangs the drums", l'enlevé "Elephant stone", "Waterfall"et leur pop acidulée, le psychédélisme de "Don't stop", la légèreté de "Bye bye badman", l'éternel "Sugar spun sister". La voix délicate de Ian Brown et les guitares de John Squire sont imparables et la rythmique de Reni et Gary Mounfield à l'unisson de cette paire à l'inspiration et à l'inventivité hors du commun.
C'est ensuite un autre standard qui nous tombe dessus sous la forme de "(Song for my) Made of stone", mon préféré, et son envolée de guitare céleste, puis la finesse de "Shoot you down" caresse l'auditeur, déja conquis, dans le sens du poil.
Quant aux trois titres restants, ils sont faits de la même étoffe et achèvent cet opus de la même façon qu'il avait commencé; sur les chapeaux de roue.
"This is the one" d'abord, excellent titre pop-rock, puis pour finir, deux des titres pour lesquels les STONE ROSES seront à tout jamais reconnus; "I am the ressurection" et son rock doux-amer, ponctué d'une partie expérimentale très réussie sur sa seconde moitié, très groovy, réminiscente de ce que sera le son Madchester, puis "Fools gold" et ses élans funky, lui aussi représentatif du son baggy à venir et par conséquent de l'album qui suivra, "Second coming".

Une oeuvre majeure à l'impact énorme, que pour ma part je me repasse encore, actuellement, quasi-quotidiennement.
________________________________________________________
TRACKLISTING:
1. I Wanna Be Adored
2. She Bangs The Drums
3. Waterfall
4. Don't Stop
5. Bye Bye Badman
6. Elephant stone
7. Elizabeth my dear
8. (Song for my) Suger spun sister
9. Made of stone
10. Shoot you down
11. This is the one
12. I am the ressurection
13. Fools gold

http://www.thestoneroses.co.uk/

mercredi 5 décembre 2007

THRUSHES "Sun come undone" (Birdnote records, 2006)

Jolie surprise que ce disque du quartet de Baltimore, qui pratique un shoegaze et une dream-pop attractifs et de toute beauté, agrémentés d'explosions sonores caractéristiques de ces courants. Leur musique a le don de conserver, même au plus fort de ces élans sonores, sa splendeur et sa classe. On pense en certaines occasions à MY BLOODY VALENTINE, parfois aussi aux groupes de chez 4AD comme Lush ou Throwing Muses, ou aux Jesus and Mary Chain comme sur le magnifique "Heartbeats" qui évoque "Just like honey". Légereté et pointes plus colériques se cotoient et forment de superbes morceaux, à commencer par "Aidan quinn" introduit par une voix féminine charmeuse et qui se voit soudain traversé par des guitares noisy majestueuses. Le groupe joue remarquablement la carte de cette alliance mélodie rêveuse/bruit modéré, comme en atteste le troisième morceau, "Loyalty" dont l'envolée rappelle le post-rock de SIGUR ROS.
Sur "Into the woods", il se montre plus direct, plus délibérément noisy et amène par ce biais de la diversité dans les ambiances proposées, "Flying" confirmant cette option avec brio. Les guitares ménent la danse et sont plus denses et le rythme plus appuyé. Puis "Ghost train" alterne sérénité et explosions vocales et instrumentales à la manière de SONIC YOUTH, laissant ensuite le soin à "Halloween" de nous ramener en territoire plus clairement pop, imité en cela par "New year's kiss" et ses guitares acides mais jamais agressives.
"Wake up" exhale des sonorités là aussi très dream-pop sur rythme alerte, le crachin des six-cordes se faisant ensuite plus épais, puis "Roy" se déploie paresseusement jusqu'à ce qu'une montée en puissance survienne et fasse de ce morceau une énième réussite sur cet album qui risque fort d' amener les TRUSHES au statut de grosse révélation dream pop/shoegaze.

Ceci d'autant plus que le titre qui clôt l'album, "The hardest part", constitue lui aussi un vrai régal qui oppose joliment calme relatif et ambiances plus orageuses tout en gardant une beauté époustouflante.

Superbe premier album, donc, pour un groupe qui d'entrée peut prétendre à une place de choix dans un créneau qui depuis quelques temps effectue un retour remarqué et apprécié.
____________________________________________________________
TRACKLISTING:
1. Aidan Quinn 2. Heartbeats 3. Loyalty 4. Into the Woods 5. Flying 6. Ghost Train 7. Halloween 8. New Years Kiss 9. Wake Up 10. Roy 11. The Hardest Part


http://www.thrushesrule.com/

http://www.myspace.com/thrushes